Le partage est une valeur noble qui permet la solidarité à travers les cultures et les époques. Il est intrinsèquement lié à l’éveil de la conscience et à la notion d’« être.» Partager, c’est bien plus que donner ou recevoir; c’est un acte qui enrichit celui qui partage autant que celui qui reçoit. Tout d’abord dans cet article, nous explorerons les différentes dimensions du partage : à quoi il sert, pourquoi il est important, pour qui il est bénéfique, comment le pratiquer, et où et quand le faire. Nous verrons ensuite, pourquoi cette valeur noble du partage se perd.
En embrassant le partage en tant que valeur noble, nous cultivons une conscience plus éveillée et enrichissons notre existence.
Voici une histoire africaine racontée par Boucar Diouf, né le 26 mai 1965 à Fatick au Sénégal, il est biologiste, océanographe et humoriste québécois d’origine sénégalaise.
Le sac de grains
Un jour, mon grand père m’a remis un sac de grain en pleine nuit. Il m’a dit : « Boucar, va déposer ce sac de grains devant la maison des voisins qui ont de la difficulté à joindre les deux bouts !» Le monsieur avait douze enfants. Et quand j’ai demandé à grand papa pourquoi il ne voulait pas donner directement ce sac à ces gens là. Il m’a dit : « Boucar, il ne faut pas faire ça ! Celui qui veut venir en aide à quelqu’un doit attendre la nuit, et déposer ce qu’il peut devant sa maison. De ce fait, quand ces gens là se réveillent, ils ramassent discrètement le cadeau mais ignorent l’identité de leur bienfaiteur. Et le lendemain, lorsqu’ils se promènent dans le village, chaque personne qu’ils croisent devient le bienfaiteur potentiel. C’est de cette façon qu’on tisse des liens et cultive la solidarité sans enlever aux gens leur dignité.» Ça, c’est mon grand père qui me l’a appris.
À quoi ça sert de partager ?
- L’enrichissement mutuel
Le partage est une valeur noble qui permet un échange de connaissances, d’émotions et de ressources qui enrichit toutes les parties impliquées. Que ce soit des idées, du temps ou des biens matériels, chaque partage crée un lien et une compréhension mutuelle.
- La création de liens sociaux
Partager nous aide à tisser des liens avec les autres. Dans un monde où l’isolement et la solitude sont de plus en plus présents, le partage nous rappelle que nous faisons partie d’une communauté plus large.
Pourquoi partager ?
- Favoriser l’empathie et la compassion
Partager développe notre empathie et notre compassion. Il est vrai qu’en donnant une partie de nous-mêmes, nous reconnaissons les besoins et les désirs des autres, ce qui nous aide à nous connecter de manière plus profonde et authentique.
- Élever notre conscience
Le partage, valeur noble est un acte de conscience éveillée. Il nous pousse à sortir de notre égoïsme pour considérer le bien-être des autres, ce qui est une étape clé vers une existence plus consciente et éclairée.
Pour qui partager ?
- Pour soi-même
Partager nous apporte une satisfaction personnelle et un sentiment d’accomplissement. Cela nous permet de nous sentir utiles et connectés, renforçant ainsi notre propre bien-être. Lorsque l’on fait le bien à autrui, on ne peut se sentir mal dans sa peau. Cela participe aussi à l’estime de soi.
- Pour les autres
Le partage profite également à ceux qui reçoivent. Que ce soit une aide matérielle, un conseil ou un soutien moral, le partage peut transformer des vies et apporter un réconfort immense.
- Pour la communauté
Lorsque nous partageons, nous renforçons le tissu social de notre communauté. Un acte de partage peut avoir un effet domino, inspirant d’autres à faire de même et créant ainsi une culture de générosité et de solidarité.
Comment partager ?
- Avec authenticité
Le partage doit être authentique et sincère. Il ne s’agit pas de donner pour se faire valoir, mais de donner parce que cela vient du cœur. L’authenticité est la clé pour que le partage soit véritablement bénéfique.
- Avec discernement
Il est important de partager de manière judicieuse. Comprendre les besoins réels des autres et savoir comment y répondre efficacement est crucial pour que le partage ait un impact positif.
Où et quand partager ?
- Dans la vie quotidienne
Le partage peut se faire dans les petites actions du quotidien : aider un voisin, écouter un ami, donner de son temps à une cause. Ces gestes, bien que modestes, ont un grand impact.
- Dans les moments de crise
De surcroît, les moments de crise sont souvent ceux où le partage est le plus nécessaire. Que ce soit une catastrophe naturelle, une crise sanitaire ou une période de difficulté personnelle, être présent et prêt à partager est essentiel.
- Dans les espaces dédiés
Les espaces communautaires, les associations et les plateformes en ligne sont autant de lieux où le partage est structuré et organisé. En effet, participer à ces espaces permet de toucher un plus grand nombre de personnes et de répondre à des besoins variés.
Mes souvenirs du partage culturel
À Tahiti, où je vis, nous, les Maohi, sommes un peuple pacifique. Dans le passé, il n’y a pas si longtemps, voici comment nous avions l’habitude d’accueillir un ami, un membre de la famille ou même un passant inconnu : « haere mai tama’a ! (viens manger !) » ou encore « haere mai taofe ! (viens prendre le café !) ». Tout dépendait du moment de la journée. Nous avions toujours un mot avenant pour inviter l’autre à notre table. Le partage et l’accueil faisaient partie intégrante de notre être, de notre quotidien. C’était encore plus présent dans les îles plus lointaines, car les natifs y étaient mieux préservés de la montée du modernisme.
Je me souviens d’un séjour aux îles Sous-le-Vent, à Maupiti, où j’avais rendu visite à ma tante et sa famille. L’accueil était chaleureux, la table était pleine d’un vrai festin. Et pourtant, ma famille des îles était modeste et, malgré cela, elle se mettait en quatre pour nous offrir ce qu’elle avait de meilleur à manger. Idem à Bora-Bora, chez ma grand-mère. Malgré une vie modeste, nous étions toujours reçus comme des rois. Un tout petit rien faisait l’affaire. Quel souvenir magique et mémorable !
Pourquoi cette valeur noble du partage se perd-elle ?
La semaine dernière, nous sommes sortis le soir pour manger à la roulotte (food truck) en famille. Malheureusement, je n’ai pas apprécié mon plat ce soir-là. Vous allez sûrement me demander pourquoi. Eh bien, tout simplement parce que je n’étais pas à l’aise de manger alors que des gens affamés tournaient et viraient dans le parking, autour des roulottes. On les surnomme les SDF. Certains s’assoient dans un coin, regardant songeurs et l’air hagard vers les roulottes. Que se passe-t-il dans leur tête, dans la nuit ? Il est clair qu’ils attendent d’éventuelles âmes charitables qui voudraient bien leur partager leurs restes, ou encore, caressent-ils l’espoir d’obtenir un repas chaud pour apaiser leur faim.
Or, c’est comme si personne ne les voyait, ni ne les captait. Entre deux roulottes, il y en avait un qui était assis sur le sol, faisant face. Il observait… Tandis qu’un homme se dirigeait vers son véhicule, son repas en main, le SDF l’interpella pour lui demander à manger. Malheureusement, il essuya un refus. Alors, il laissa jaillir sa colère en hurlant des paroles qui en disaient long sur son mécontentement et son désarroi devant tant d’indifférence. À ce moment-là, j’ai ressenti son mal-être. C’était comme s’il tentait de réveiller les gens et de les appeler à partager…
Les temps ont changé
Je me suis dit : « Comme il est loin le temps d’avant ! Où donc ce monde et cette société nous ont-ils tous menés ? » Jamais nous n’aurions pu imaginer que tant de misère atteindrait nos îles. Un écart considérable s’est créé. Les riches s’enrichissent, et la majorité des gens ont du mal à joindre les deux bouts. Et d’autre part, ceux-là, en marge de cette société, errent tels des êtres invisibles et perdus.
Alors oui, me direz-vous : « Et toi, qu’as-tu fait ? » Je vous réponds avec humilité, qu’à l’image du colibri, j’ai fait ma part; j’ai fait un heureux pour ce soir-là. Et ce que j’ai reçu en retour, bien que je n’aie eu aucune attente, ce sont les bénédictions et la gratitude de la personne à qui j’ai partagé un repas. Cette situation est de plus en plus fréquente de nos jours et cela me touche vraiment. Et vous, avez-vous déjà rencontré une situation similaire, et qu’avez-vous ressenti ?
La légende du colibri, une légende amérindienne !
Voici la légende du colibri telle que la raconte Pierre Rahbi :
Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »
Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »
La perte de valeur du partage peut être due à divers facteurs, notamment :
- Individualisme croissant : Avec la société moderne axée sur la réussite individuelle et la compétition, les gens peuvent être moins enclins à partager avec les autres, préférant plutôt se concentrer sur leurs propres besoins et désirs.
- Peur de la vulnérabilité : Le partage implique souvent une certaine forme de vulnérabilité, car on expose une partie de soi-même aux autres. En effet, certaines personnes peuvent être réticentes à partager par peur d’être jugées, rejetées ou exploitées.
- Culture de la possession : De même que dans une société de consommation où l’importance est souvent accordée aux biens matériels et à la possession, le partage peut être considéré comme une perte au lieu d’une opportunité de connexion et de solidarité.
- Manque de confiance : La méfiance envers les autres peut également jouer un rôle dans la perte de valeur du partage. Si les gens ont peur d’être trahis ou exploités, ils peuvent être moins enclins à partager leurs ressources, leur temps ou leurs émotions.
- Pression sociale : Ainsi les normes sociales et les attentes souvent imposées par la société peuvent influencer la façon dont les individus perçoivent le partage. Si l’environnement culturel valorise l’indépendance et l’autosuffisance, le partage peut être perçu comme une faiblesse plutôt qu’une force.
Nous pouvons conclure que le partage est un pilier central de l’éveil de la conscience et de l’accomplissement de l’« être ». Il nous invite à dépasser nos préoccupations individuelles pour nous ouvrir aux autres, créant ainsi une spirale de positivité et de croissance collective. En partageant, nous enrichissons non seulement notre propre existence, mais aussi celle de notre communauté et du monde entier. En fin de compte, cultivons le partage comme une pratique quotidienne et observons comment, par cet acte simple, nous pouvons transformer nos vies et celles des autres.
Pascal & Mylène
Être & Croître
Merci pour cet article inspirant sur la valeur du partage.
– J’apprécie particulièrement l’histoire de Boucar Diouf, qui montre comment le partage renforce les liens et la solidarité dans la dignité.
– Cultivons cette noble valeur au quotidien pour enrichir nos vies et celles de notre communauté.
Merci Stéphanie pour ton retour. Cultivons et partageons ça fonctionne pour toute chose 😉
Superbe article trés touchant. J’ai adoré l’histoire du sac de grains. Donner et recevoir procurent souvent autant de bonheur! C’est tellement agréable de sentir la joie de celui que nous aidons 🙂
Merci Caroline pour ton retour. Semons des graines pour faire s’ouvrir les ailes 🙂
Merci pour ce magnifique article qui m’a ému aux larmes. Comme toi je crois à la valeur du partage et j’essaie chaque jour de faire ma part. Modestement, mais sans relâche. Et, bien que je ne le fasse pas pour cela, cela m’apporte beaucoup de bonheur.
Merci Denis pour ton retour. C’est la même chose pour moi.
Merci pour cet article qui remet les choses importantes en perspective. On peut partager toutes sortes de choses : des choses matérielles, bien sûr, mais aussi des attentions ou des connaissances. Ton blog en est un bel exemple !
Merci Aurélie, ça fait plaisir 😉 Semons des graines pour faire s’ouvrir les ailes.
Très touchée par votre article, par l’histoire africaine racontée par Boucar Diouf et par votre propre vécu. Le partage est une valeur qui me tient beaucoup à cœur, et qui, comme vous l’analysez si bien, se perd petit à petit, malheureusement. Merci pour votre article, votre analyse, votre partage, qui, j’en suis persuadée, contribueront à un éveil des consciences.
Merci Jeanne pour ton retour. Oui semons des graines pour l’éveil des consciences et faire s’ouvrir les ailes 😉
J’ai beaucoup apprécié ton histoire. J’ai entendu plusieurs récits similaires, mais dans la tienne il y a une dimension supplémentaire que je n’avais pas vue auparavant : ” en ignorant l’identité du bienfaiteur, on voit dans chacune des personnes que l’on croise le bienfaiteur potentiel. C’est de cette façon qu’on tisse des liens et cultive la solidarité “. merci pour cet article inspirant.
Merci Jackie pour ton retour, ça fait plaisir ! Boucar Diouf nous partage une belle histoire africaine pleine de discrétion et d’humilité 😉