Notre rencontre
Cette histoire de vie n’était pas destinée à être éditée un jour. Cependant, depuis de nombreuses années, on nous demande souvent : « Comment vous êtes-vous rencontrés ? ». Et, lorsque nous relatons le récit de notre rencontre, les personnes ne manquent pas de nous inviter à l’écrire. En effet, c’est une histoire peu commune, où le destin d’un jour nous a fait un cadeau.
Un certain 11 septembre
Cet été 1988, je venais de terminer ma saison de sauveteur en mer, sur les plages de la côte atlantique au sein de la SNSM, Société Nationale de Sauvetage en Mer. J’étais à Paris, dans un avion qui me ramenait à Tahiti via San Francisco, c’était un 11 septembre. Je retournais y retrouver la vie tropicale, que j’avais choisie de vivre un an plus tôt. Un rêve qui m’appartenait et que j’avais réalisé.
L’avion prenait du retard pour quitter sa place, nous aurions déjà dû décoller ! Au bout de longues, très longues minutes, en statu quo, une hôtesse nous annonce au micro, qu’à la suite d’une panne de pompe moteur, nous sommes tous invités à descendre de l’avion. Une boisson nous sera offerte en salle de transit, en attendant la réparation.
Un faux départ
Tous les passagers se lèvent dans le couloir central et commencent à s’avancer vers l’avant de l’appareil, en laissant leurs bagages cabine dans les compartiments prévus à cet effet. Etant situé vers l’arrière, je sors de l’avion avec le dernier tiers des passagers, et emprunte la passerelle-escalier pour descendre sur le tarmac. Des barrières avaient été positionnées de part et d’autre, au pied de cette passerelle.
En descendant, je voyais pratiquement l’ensemble des passagers de dos, commençant à se regrouper, sur la demande des hôtesses, pour se diriger vers la salle de transit. Mon regard fut attiré par une belle personne seule, qui regardait dans ma direction, appuyée sur la barrière, bras croisés, tournant le dos au sens de la marche. Elle devait certainement attendre un passager encore à bord, me suis-je dit.
Le retour en salle d’embarquement
Une fois tous les passagers sortis de l’avion, nous nous sommes dirigés vers la salle de transit, sous l’escorte des hôtesses et du personnel de l’aéroport. Après avoir franchi quelques couloirs, nous nous sommes retrouvés dans une grande salle, avec un comptoir et de grandes banquettes, faisant la queue pour recevoir notre gobelet en plastique de jus d’orange, qui était le bienvenu.
Le destin d’un jour
Mon verre à la main, comme l’ensemble des passagers, je me dirige vers une banquette pour m’y asseoir… Assis, les coudes sur les genoux, légèrement penché en avant, je regarde mon jus d’orange entre mes mains, puis je lève les yeux. Devant moi, sur la banquette d’en face, je revois la même personne qui était appuyée sur la barrière à la sortie de l’avion.
Nos regards se croisent à nouveau, plus longuement cette fois, avec des sourires réciproques. Une personne à mes côtés me parlait, mais je ne l’entendais pas, je n’étais plus là, j’étais absorbé par le sourire de cette jeune Polynésienne, à la beauté naturelle qui émanait le bonheur de vivre des îles.
Les haut-parleurs annonçaient notre ré-embarquement et mettaient fin à ce moment où le temps s’était arrêté à mes yeux. Je ne pouvais pas oublier ce visage. Nous regagnions tous nos places respectives, bouclant nos ceintures pour un décollage vers San Francisco.
Questionnement en plein ciel
Le vol se passe très bien, mais cette rencontre en salle de transit tourne en boucle dans ma tête. Nous ne nous sommes pas parlé, je ne sais pas comment elle s’appelle. Oui, elle est dans l’avion, mais où ? Et si elle est côté hublot, ou entre deux sièges ? Je ne vais pas arpenter tout le couloir de l’avion pour faire sa connaissance au milieu d’autres passagers… Non, pas comme ça.
Le seul moment pour la rencontrer, à mon sens, ce serait en salle de transit à San Francisco. Après, nous arriverions à destination, où chacun partirait de son côté, avec les personnes qui les accueillent. Après, environ, une dizaine d’heures de vol, nous nous sommes posés à San Francisco.
Transit à San Francisco
Tout le monde se lève pour sortir. Je regarde vers l’avant de l’appareil dans l’espoir de la voir, mais elle est trop loin pour que je puisse l’apercevoir.
C’est en salle de transit que je me mis à sa recherche, je ne pouvais oublier ce sourire… Après quelques instants, je l’aperçus au fond de la salle, debout à côté d’un gros poteau carré, parlant avec une dame d’un certain âge. Je me suis dit : « C’est maintenant ou jamais ! » Elle profitait de cette pause pour fumer une cigarette (à l’époque c’était encore permis). D’un coup d’œil, je remarque qu’elle n’a rien qui puisse lui servir de cendrier, et qu’elle met sa cendre dans sa main. Je ramasse vite un paquet vide, dans une poubelle, et me dirige vers elle. En ayant moins d’une heure devant moi, il ne fallait pas perdre de temps !
Je m’approchais d’elle, en lui tendant ce fameux cendrier de fortune. Elle l’accepta, avec un grand sourire, qui me transporta vers des émotions des plus douces. Nous fîmes connaissance, et j’entendis le son de sa voix, très douce, pour la première fois. Elle me présenta la gentille mamie, sa voisine de siège, qui s’éclipsa rapidement, pour nous laisser faire connaissance. Cette mamie-là, elle avait tout compris !
Rembarquement pour Tahiti
Le temps passe très vite dans ces moments, et il fallait déjà reprendre nos places à bord, en direction de Tahiti. Nous remontâmes dans l’avion ensemble, et regagnâmes nos places attribuées. Je ne manquais pas de repérer son numéro de siège en passant, car j’étais situé bien plus loin vers l’arrière.
C’est un peu plus tard, après avoir atteint l’altitude de croisière, que je décidais d’aller chercher une boisson rafraîchissante. Mon verre à la main, je remontais le couloir central pour le lui apporter. Ne sachant pas comment cela allait se dérouler, une chose était sûre : il m’était impossible de ne pas en savoir plus sur elle.
Au dessus des nuages
Elle était là, discutant avec sa voisine, qui affichait un petit sourire en coin, en me voyant avec mon gobelet. Ces anciens ne sont pas tombés de la dernière pluie, ils en ont vu d’autres ! Elle me proposa sa place au milieu, coup de chance: le siège côté hublot était vide. Elle se décala d’une place, pour me laisser la sienne.
Je ne pouvais rêver mieux, j’étais au-dessus des nuages, au sens propre comme au figuré ! Avec Mylène, nous avions bien ri lorsque l’hôtesse a déguisé le Stewart pour son baptême du passage de l’équateur (photo ci-dessus). Nous parlions de nos goûts musicaux, de nos vies respectives. En fait, nous faisions vraiment connaissance et elle correspondait complètement à mon idéal féminin. Même si cela ne faisait que quelques heures, c’est ce que je ressentais, je ne pouvais l’expliquer. J’avais ce rêve de trouver la jolie Polynésienne qui me correspondrait… Nous avons passé tout ce vol côte à côte.
Je connaissais son prénom, j’en savais un peu plus sur elle…
Cela faisait six mois qu’elle était partie de Tahiti, pour un séjour linguistique aux États-Unis et à Hawaii. Elle en parle dans : « Comment mon intuition, guide puissant a changé ma vie. » Après quoi, elle terminait son voyage par un séjour en France.
Nous approchions de Tahiti, et l’avion commençait sa descente. J’étais pris entre deux sentiments : la joie de retrouver cette île du bout du monde, et la tristesse de ne plus être à ses côtés.
Entre joie et tristesse
Après avoir passé les services des douanes, et récupéré nos bagages respectifs, nous nous sommes dirigés vers la sortie menant au hall de l’aéroport. Sa famille était là, heureuse de la retrouver, après plusieurs mois d’absence, tandis que moi, je me sentais triste de la quitter. Je tentais une dernière action, comme prétexte pour la revoir : je lui proposais de lui prêter mon Walkman à cassettes de l’époque, mais elle ne le prit pas. Elle me dit au revoir en se dirigeant vers le parking. Je crois que là, c’était mon plus gros moment de solitude depuis longtemps.
C’était une très belle rencontre, mais voilà, toute chose a une fin. Je connaissais quelques moments de sa vie, mais j’ignorais le minimum pour la revoir. Je n’avais pas son numéro de téléphone à domicile, ni celui de ses parents; pas d’adresse pour lui écrire, et où me présenter. À cette époque, les téléphones portables n’existaient pas, ni les réseaux sociaux…
La vie suit son cours
Je retournais là où je devais aller: au club de ski nautique, où je travaillais à l’époque. Je retrouvais mon activité, que j’avais laissée plusieurs mois auparavant. Le patron du club m’attendait, pour pouvoir à son tour prendre des vacances. J’étais content de parcourir à nouveau le lagon turquoise, en bateau, tout en gardant un doux souvenir de ces quelques moments trop courts, passés avec cette si jolie vahine.
Une semaine plus tard, je décidais de prendre le truck (transport en commun local) pour me rendre à Papeete, afin de faire quelques achats. C’était une très belle journée, et je me dirigeais, à pied, vers le centre-ville, que je devais dépasser pour me rendre dans une boutique plus éloignée…
Le destin d’un jour (bis)
Quelques minutes plus tard, sur ce trottoir, devant une terrasse du front de mer, une chose totalement improbable se passa. Je me retrouve en face de Mylène, qui était accompagnée de sa soeur. Elles venaient de faire 6 km dans un sens, et moi 5 km dans l’autre, pour nous retrouver à ce moment précis, là, sur ce trottoir.
Heureux de la revoir, j’ai cru rêver. Elle me présente sa sœur, que j’avais vue, à notre arrivée. Nous échangeons quelques mots ; elle allait déposer des CV dans des agences de tourisme, et des compagnies aériennes. Et avant de continuer son chemin, elle me donne le numéro de téléphone de la maison, c’était inespéré !
Là, j’étais de nouveau dans les nuages… Le hasard ? Je n’y crois pas trop. Le destin ? Sûrement. Cela devait se réaliser…
Avec mon sésame en main, le lendemain, je décide de composer le numéro. Une voix masculine me répond et me dit : « Elle n’est pas là, rappelle plus tard ». C’était son beau-frère. Bah oui, je vais rappeler plus tard, ça c’est sûr !
De tendres retrouvailles
L’appel suivant, nous étions en communication, et nous nous sommes revus, et avons fait plus ample connaissance. Elle venait me voir au club de ski, faire du bateau. Et le soir, nous faisions une balade nocturne sur le lagon, nous nous amarrions au ponton de l’hôtel voisin et allions au restaurant, en bord de plage. Des souvenirs inoubliables gravés à jamais.
Deux semaines plus tard, nous étions en couple, follement amoureux l’un de l’autre, et nous nous languissions de la fin de journée pour nous retrouver. À l’époque, il n’y avait ni téléphone portable, ni réseaux sociaux, pour rester connectés, ou pour s’appeler à longueur de temps.
Le mois suivant, nous étions fiancés. Le 17 novembre, c’était une merveilleuse soirée en famille. La famille en or, l’accueil polynésien n’est pas une légende : j’ai été immédiatement accepté et considéré comme faisant partie de la famille.
Six mois plus tard, le 13 mai, nous étions mariés. Nous avons fêté nos noces de rubis cette année. Cela fera trente-six ans que cette histoire a démarré un 11 septembre, grâce à une panne d’avion. Je remercie le destin, qui a fait se croiser nos chemins plusieurs fois. Nous avons trois grands enfants, dont nous sommes fiers, tout comme de leurs parcours respectifs.
Pendant toutes ces années, nous avons su cultiver notre amour et notre complicité, surmontant ensemble les défis de la vie. Les souvenirs de nos débuts, marqués par cette rencontre fortuite, sont devenus le socle sur lequel nous avons construit notre famille. Cette aventure commune nous a appris à apprécier chaque moment partagé et à grandir ensemble, main dans la main.
Apprentissage et croissance
Notre vie commune, depuis ce jour, est un apprentissage constant dans la quête de notre croissance respective, l’un envers l’autre. C’est un travail quotidien sur soi-même, car la vie n’est pas un long fleuve tranquille ! C’est le travail de toute une vie…
On peut dire de façon poétique qu’il est tout un art de savoir Comment garder l’amour vivant dans un couple.
En somme, lorsqu’un événement, quel qu’il soit, vient contrarier le déroulement des choses, restez serein. C’est peut-être le destin qui vous tend la perche pour vous offrir une opportunité. Qu’il soit heureux ou douloureux, il faut l’accueillir et rester vigilant. Soyez à l’écoute, rien n’arrive par hasard. Vous avez peut-être quelque chose à apprendre ou à découvrir, pour grandir encore. Et si vous passez à côté de la leçon, le destin se chargera, un jour ou l’autre, de vous la resservir jusqu’à ce que vous fassiez ce qu’il faut pour l’intégrer…
Pascal & Mylène – Être & Croître
Merci Pascal et Mylène pour cette belle histoire!! Très heureuse que votre amour soit toujours présent et que vous puissiez évoluer ensemble.
J’ai moi aussi vécu une histoire très improbable lors de la rencontre de mon compagnon et l’on adore raconter 😉
Merci la vie pour tous ces changements de direction qui nous apportent bien plus que ce que l’on aurait imaginé!!
Merci Flore pour ton commentaire et nous vous souhaitons le meilleur à tous les deux 😉
Trop mignon ! Je suis ravi de vous découvrir un peu plus ! Merci pour ce récit touchant… et plein de sagesse !
Merci Denis pour ton commentaire 😉 en effet, nous nous sommes dévoilés un peu plus en toute humilité 😊
Merci pour ce récit touchant et plein d’enseignements ! Je suis ravie de vous découvrir un peu plus !
Merci Aurélie pour ton retour, contents que ça inspire ! 😉
Quelle magnifique histoire ! Votre rencontre est véritablement inspirante et montre à quel point le destin peut être merveilleux. Merci de partager ce beau récit rempli d’amour et de coïncidences incroyables.
Merci Stéphanie pour ton commentaire 😉 contents que cela inspire 🙂
Merci d’avoir partagé votre histoire. Il n’y a pas de hasard. J’ai trouvé votre histoire tellement belle ! Et sur les photos, vous êtes beaux tous les 2 🙂
Merci Jackie pour ton commentaire et les compliments 😊 ! On aime penser qu’il n’y a pas de hasard mais des synchronicités 😉
Merci Pascal et Mylène, ce récit est fascinant !! Je partage beaucoup de vos réflexions, sur le destin, et l’histoire de votre rencontre m’emporte et me ramène moi même à la rencontre d’avec mon mari, que j’ai connu à mes 14 ans, il y a 19 ans cette semaine 🙂 Ensuite, le destin nous a emmené jusqu’en Polynésie française où nous avons passé 5 mois, au moment de la fermeture des frontières lors de la pandémie. Nous avons qu’un seul rêve = revenir ! Peut-être nous y croiserons nous un jour, qui sait ? ^^
Merci pour ton commentaire 🙂 oh wow ! tu étais très jeune en effet. Ça tient, c’est cool ! Les rêves sont faits pour être réalisés n’est-ce-pas ? 😉
^^
Woow, quel magnifique récit ! 😍
Je suis totalement d’accord avec toi : quand le destin s’y met, il fera en sorte que tout se constelle pour te faire apprendre la leçon !!
J’ai aussi rencontré mon conjoint « par hasard » grâce à un « accident » de voiture avec mon voisin. Et 13 ans et 2 enfants plus tard, on rit toujours de cette rencontre complètement improbable qui n’aurait jamais dû arriver !
Merci pour ton commentaire 🙂 Le hasard qui n’en est pas vraiment un fait bien les choses en effet ! 😉
Très belle histoire et tellement bien racontée. Merci pour de vous être livrés et de nous rappeler la beauté qui se trouve dans ce monde. 😀
Merci Bryan pour ton retour, oui la vie nous réserve parfois de belles surprises de part le monde. 😁
Bravo belle histoire et bien raconté. Le destin fait bien les choses.
Merci Benoit pour ton commentaire. Oui,ces jours là, il nous a fait un sacré cadeau !
Merci d’avoir partagé votre belle histoire, touchante et pas banale du tout ! Le hasard est bien étrange parfois et il y a de quoi se poser des questions 🙂 Je suis à 100% d’accord avec cette conclusion !
Merci Florian pour ton retour, oui la vie nous réserve parfois de belles surprises…